Aline Angelo-Milla et Soraya Milla : Black is beautiful

C’est l’histoire d’Aline Angelo-Milla, une maman qui se mêlait un peu trop des affaires artistiques de sa fille Soraya. « Parce qu’elle en avait assez, Soraya m’a donné un cahier et deux crayons, et m’a dit d’écrire mes propres histoires », se souvient cette ancienne directrice de production pour M6. Et, après un rendez-vous de travail à la médiathèque Pierre-et-Marie-Curie à Nanterre, l’idée d’une série écrite à quatre mains commence à germer… L’histoire ? Celle d’une jeune africaine installée en France qui repart vivre en Côte d’Ivoire. L’action se déroule dans un salon de coiffure du quartier Château d’eau Paris, « le lieu des potins », au fil d’épisodes autoproduits de dix minutes.

Or, militant, le personnage de Janis l’est sans conteste. Selon sa créatrice, Soraya : « Elle est à l’image des jeunes de la génération Z qui osent affirmer leurs différences. Ils ont un activisme qui brille. Contrairement à ma génération, ils ont davantage de modèles en France, comme Aya Nakamura ou Jean-Pascal Zadi. À son âge, j’osais à peine défiler dans les manifs de SOS Racisme ! »
Dans un épisode de la saison 2, Janis s’énerve à la découverte du « cocotourisme » ou la façon dont certains Afro-descendants réduisent l’Afrique au village dans la brousse. « La diaspora a parfois une vision fantasmée de la terre de ses ancêtres », regrette le duo. Née à Paris de mère française, Aline est allée vivre au Bénin, le pays de son père, quand elle avait un an. Ses trois enfants sont nés en France, comme elle, avant de partir pour la Côte d’Ivoire. « Je voulais qu’ils connaissent l’Afrique », insiste Aline.

La famille y vit un peu moins de cinq ans et doit fuir la guerre civile qui ravage le pays. Elle trouve refuge à Nanterre en 2002, dans une HLM, rue Salvador-Allende. Plus tard, Soraya se lance dans des études d’audiovisuel à l’INA à Paris et à l’Institut des arts de diffusion en Belgique. Depuis 2016, elle est rédactrice-conceptrice de bandes-annonces pour Canal + international. Ou l’art de faire court, ce qui l’aide bien pour Afropolitaine… Grâce à l’ancien dispositif municipal Clap (comité local d’aide au projet , devenu contrat nanterrien de réussite) et soutenue par des associations nanterriennes, Soraya réalise un premier court métrage en 2015. Dans Exotique, il est question de son adolescence difficile, de ses questionnements identitaires et elle y interroge déjà sa multi-culturalité. À l’époque, le film avait été projeté au cinéma Les Lumières. Pour la saison 1 d’Afropolitaine, mère et fille ont posé leur caméra dans une école du Chemin-de-l’Île, dans une épicerie exotique et sur le parvis de la Maison de la musique. Et pourquoi pas projeter la série à la Maison des femmes ? « Nanterre nous servira certainement à nouveau de décor à l’occasion de la saison 3 que l’on doit encore écrire. Cette fois, on aimerait aborder le monde de l’entreprise car il y a beaucoup, beaucoup, à dire… »