Interview : Stéphanie Lamora, conseillère municipale déléguée à la petite enfance

Propos recueillis par Magali Hamard

Dossier n°493

Une auxiliaire de puériculture joue avec des enfants dans une crèche

Dernière mise à jour : 01 mars 2024

Il y a quelques mois, le Gouvernement annonçait qu’il prendrait des mesures pour soutenir la petite enfance. Quelle est la situation à Nanterre et quelle est votre position sur ces annonces ?

Stéphanie Lamora : L’accueil des jeunes enfants est un moyen de lutte primordial contre les inégalités femmes-hommes, mais aussi sociales. Offrir une solution de garde aux parents est une priorité de la ville. À l’échelle nationale, nous avons besoin d’un vrai service public de la petite enfance mais aujourd’hui cette compétence n’est même pas clairement attribuée. Le Gouvernement précédent se disait volontariste sur « les mille premiers jours » de la vie de l’enfant. Or, pour faire face au manque de personnel au sein de nos établissements municipaux – manque qui limite, de fait, le nombre d’enfants accueillis –, la seule solution proposée par l’État a été de nous autoriser à embaucher des personnes non diplômées ! La ville n’envisage pas un instant cette option. Elle n’est pas compatible avec le niveau de qualité que nous exigeons dans nos crèches. Pour le bien et la sécurité des enfants, nous voulons des personnes qualifiées, diplômées, en nombre suffisant, même si nous n’excluons pas la formation après embauche.


Justement, dans un contexte de recrutement national tendu, comment la ville agit-elle pour pallier les manques ?

S. L. : Nous avons réussi à attirer des candidatures grâce à une nouvelle organisation et nous poursuivons nos efforts. Nous avons de vrais avantages à valoriser pour nos personnels : notre projet pédagogique, la qualité de nos locaux et la possibilité de voir évoluer sa carrière. Nous luttons également contre l’absentéisme dû, notamment, à la pénibilité de ces métiers. Nous souhaitons concentrer les effectifs municipaux dans les grandes crèches collectives qui donnent une meilleure efficacité au regard du coût et du nombre de berceaux offerts. Tous ces efforts paient et nous ont permis d’attribuer plus de places en janvier 2024 que l’an passé.


Ces actions répondent-elles aux attentes des parents ?

S. L. : Elles sont indispensables car les crèches collectives restent le mode de garde privilégié par les parents dans les choix qu’ils nous transmettent. Mais soulignons que l’offre est large avec les haltes-accueils, les accueils familiaux, les assistantes maternelles agréées indépendantes et les établissements associatifs, inter-entreprises ou privés. Dans ces derniers, s’ils partagent le même niveau d’exigence que nos structures publiques, nous réservons des places pour nos attributions. Ajoutons que Nanterre est la 3e ville d’Île-de-France comptant le plus d’assistantes maternelles indépendantes. Elles représentent une véritable alternative. Pour trouver la solution la plus adaptée, les relais parents-assistantes maternelles, qui renseignent les familles jusqu’aux 3 ans de l’enfant, ont un rôle crucial. Les parents ne doivent pas hésiter à s’y rendre.


Pouvez-vous nous expliquer la façon dont les places en crèche sont attribuées ? Sujet qui suscite nombre d’interrogations…

S. L. :Malheureusement, nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Quand nous les rencontrons, les futurs parents nous présentent tous leur situation comme prioritaire. C’est normal, on veut tous ce qu’il y a de mieux pour son enfant. La ville tient au principe d’égalité, donc l’ancienneté de la demande reste le critère le numéro un, à quelques exceptions près, comme les grossesses multiples et certaines priorités médico-sociales. Nous sommes en train de revoir le règlement de la commission d’attribution des places en crèche et le règlement de fonctionnement pour être toujours au plus près des besoins des familles. C’est un énorme chantier mais nous avons déjà facilité les démarches d’inscription avec la création d’un service en ligne, complémentaire des démarches avec un accueil physique des usagers.


Avez-vous des raisons de penser que la situation va s’améliorer ?

S. L. : Oui, évidemment. Les parents peuvent compter sur des équipes toujours motivées et nous nous mobilisons pour augmenter les recrutements. Nous nous réjouissons aussi de l’ouverture, en 2026, de la crèche des Pâquerettes entièrement reconstruite. À l’image d’une école, c’est un poumon dans le quartier. Ce sera la 20e crèche municipale et elle concrétise la volonté de la ville d’offrir des équipements modernes, de mailler son territoire, de rapprocher les services publics des usagers, comme ils nous l’ont demandé lors des dernières Assises.