Interview : Nesrine Rezzag Bara, adjointe au maire déléguée à la sécurité, à la prévention et à la médiation

Interview

Propos recueillis par Catherine Portaluppi

Dossier n°481

Dernière mise à jour : 25 janvier 2024

Où en sommes-nous des engagements pris par l’équipe municipale en matière de sécurité et de prévention ?

Nesrine Rezzag Bara : Bien que la sécurité publique relève d’un pouvoir régalien et constitue l’une des premières missions de l’État, la municipalité se sent totalement concernée par cette préoccupation. Notre action en la matière s’appuie sur trois volets : la prévention, la médiation et la verbalisation des infractions relevant des pouvoirs de police du maire. Cela étant dit, nous nous étions engagés à créer une police municipale (PM) pour mieux lutter contre les incivilités.  
Nous sommes fiers d’avoir réussi à la mettre en place rapidement, malgré les difficultés de recrutement dans ce secteur ultra concurrentiel. À ce sujet, il est important de tordre le cou à une idée reçue : le déploiement de la PM ne constitue pas la réponse à tous les maux liés à l’insécurité et aux incivilités. Faire croire que les policiers municipaux disposent des mêmes pouvoirs que la Police nationale (PN) n’est pas acceptable. Certaines infractions, tel le stationnement, sont effective- ment verbalisables par la PM, mais certainement pas celles liées au trafic de drogue ou aux atteintes aux biens ou aux personnes, pour ne citer que ces exemples.

Quels sont les changements notables dans la ville après ces recrutements ?

N. R.B. : Nous œuvrons résolument pour améliorer le stationnement en ville avec la verbalisation des véhicules en stationnement gênant et dangereux, avec les enlèvements de véhicules ventouses ou épaves qui empêchent les habitants de se garer facilement, ou encore avec la vérification du paiement du stationnement. Le nombre de contrôles de véhicules a augmenté de plus de 50 % en un an.

Qu’en est-il de la vidéoprotection et de la vidéoverbalisation ?

N. R.B. : Comme prévu, nous avons augmenté le nombre de caméras en ville de dix par an. Cela se justifie car Nanterre est une ville en constante évolution et, de ce fait, les difficultés constatées dans un secteur donné peuvent l’être ailleurs le lendemain. Nanterre dispose aujourd’hui de 72 sites vidéoprotégés, d’un centre de supervision urbain (CSU), et nous avons étendu la vidéoverbalisation sur sept sites différents. Elle permet par exemple de mieux faire respecter le stationnement-minute à la gare de Nanterre-Ville ou d’apaiser la circulation des scooters sur la place Gabriel-Péri. 484 vidéoverbalisations ont ainsi été dressées en décembre dernier.

Comment la ville travaille-t-elle avec la Police nationale ?

N. R.B. : La convention signée par le maire, le procureur de la République et le préfet des Hauts- de-Seine en 2021 définit les missions respectives des deux polices : l’État est chargé de la lutte contre la délinquance ; la PM accompagne et aide la PN pour ses actions de terrain, comme lors de cette intervention commune en décembre contre la vente à la sauvette au marché Picasso, ou dans le cadre des groupements de partenariat opérationnel coordonnés par la PN et qui réunissent les partenaires essentiels du continuum de sécurité.  
En 2022, dix interventions de ce type ont été menées dans plusieurs quartiers, contre des occupations de hall d’immeuble par exemple. La ville fournit aussi des images issues de ses caméras sur réquisition de la PN, afin d’aider à identifier les contrevenants auteurs d’exactions.  
Nous collaborons étroitement grâce à des points qui se tiennent tous les deux mois en présence des commissaires de Nanterre, Jean-Charles Lucas, et son adjoint, Camille Morra, et du maire. Ces rencontres permettent notamment de suivre l’évolution de la délinquance, d’évoquer des situations spécifiques, ou encore de décider conjointement des sites dans lesquels implanter nos caméras.

Quelles sont les priorités à venir ?

N. R.B. : Nous poursuivons le travail de prévention auprès des habitants avec notre équipe de médiateurs sur le terrain de 8h à 1h du matin et qui correspond bien à l’ADN de notre ville. Nous renforçons le dispositif de vidéoverbalisation grâce à la mise en place d’un nouveau CSU en 2023, cofinancé par l’État.  
Le mois dernier, nous avons lancé la cellule bailleurs afin d’offrir un cadre de vie plus serein aux locataires qui est l’un des axes prioritaires de notre action déterminée par le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance. Nous pouvons déjà nous satisfaire que, dans la nuit du 31 décembre, une seule voiture ait été brûlée, et quatre autres par propagation. Même si, bien sûr, c’est toujours trop.  
Enfin, pour renforcer le lien entre habitants et PN, nous inviterons le commissaire divisionnaire à participer à des conseils de quartier jusqu’en 2026. Nous sommes partenaires mais l’État doit prendre ses responsabilités. Nous sommes d’ailleurs heureux que le préfet ait répondu à l’appel du maire en dotant le commissariat de Nanterre de 17 policiers supplémentaires. Nonobstant, la ville poursuit ses demandes consistant à obtenir davantage de moyens humains mais aussi matériels.

En chiffres

  • 16 agents de surveillance de la voie publique (ASVP). Ils seront 25 d’ici à 2026.
  • 30 médiateurs de jour
  • 15 médiateurs de nuit
  • 3 676 enlèvements de véhicules gênants, très gênants, dangereux, ventouses et épaves en 2022 (484 par la police municipale – 3 192 par la Police nationale).
  • 94 contrôles de commerce
  • 72 sites vidéoprotégés (10 caméras supplémentaires par an d’ici à 2026).
  • 32 réquisitions d’images enregistrées par les caméras de la ville par la Police nationale en 2022 pour contribuer à résoudre des enquêtes.
  • 7 sites de vidéoverbalisation