Anida Saheb, riche de cœur et de cultures

Portraits

Guillaume Gesret

A 19 ans, Anida Saheb jongle entre des études brillances menées à Sciences Po Paris et un engagement sans faille pour la Croix-Rouge Française. Le parcours de cette jeune femme du Petit-Nanterre est déjà bordé de réussites, et ce n’est qu’un début !

Dernière mise à jour : 30 janvier 2024

Avec une mère d’origine finlandaise et un père d’origine kabyle, Anida Saheb est le fruit d’une double culture. Dans l’appartement familial du Petit-Nanterre, parmi ses frères et sœurs, la jeune femme est capable d’échanger quelques mots de finnois avec sa maman, tout en écoutant un disque du chanteur algérien Idir. « Mes parents prouvent que l’association de ces deux cultures fonctionne. Par exemple, mon père et ma mère cuisinent ensemble, aussi bien le couscous que des spécialités finlandaises. »

Sa force : savoir s’adapter

Sa capacité à se sentir à l’aise au sein de divers univers l’a aidée lorsqu’elle a quitté l’école des Pâquerettes pour intégrer, en CM2, la classe Cham (classe à horaires aménagés musique), qui se trouvait à Rueil-Malmaison. « J’ai côtoyé des enfants qui n’avaient pas les mêmes centres d’intérêt, pas le même niveau de vie que moi qui ai grandi dans un quartier populaire. J’ai appris à m’adapter. » En septembre 2022, Anida a pu éprouver une nouvelle fois ce sentiment lors de son arrivée à Sciences Po Paris, rue Saint-Guillaume. « J’y ai rencontré des étudiantes et des étudiants qui m’ont beaucoup impressionnée. Ils sont très cultivés, discutent avec aisance de politique, certains ont vécu à l’étranger et parlent plusieurs langues. J’ai ressenti le syndrome de l’imposteur le premier mois puis, à nouveau, j’ai su m’adapter ! »

Anida est ce que l’on peut appeler une très bonne élève. Discrète et appliquée, elle a appris à lire très tôt. Dès le CP, elle dévorait le premier tome d’Harry Potter. « Dans ma famille, bien travailler à l’école est très important. J’observe que, dans la culture kabyle, on valorise énormément la scolarité des enfants. Je suis la quatrième de la fratrie, et mon grand frère, qui aspire à devenir avocat, m’a montré la voie. » À 7 ans, ses parents l’inscrivent au conservatoire de Nanterre où elle apprend le piano. Sa professeure, Clotilde Ovigne, dont elle garde un très bon souvenir, perçoit ses aptitudes et la propulse vers la classe Cham qui lui ouvre de nouveaux horizons. 

À Rueil, Anida collectionne les bonnes notes, apprend le russe et l’italien au lycée, et décroche son bac avec une mention très bien. Sciences Po Paris est son premier vœu sur Parcoursup et c’est par la voie classique qu’elle intègre cette grande école. Issue d’une famille nombreuse, avec une mère au foyer et un père fonctionnaire, Anida est boursière. Sa mention très bien au bac lui donne également accès à la bourse au mérite. « Je mets cette somme de côté chaque mois en vue de la troisième année de Sciences Po que je dois passer à l’étranger. Si je vis durant un an aux États-Unis ou ailleurs, il faudra que je finance mon hébergement et ma nourriture. »

Engagée auprès de la Croix-Rouge

En parallèle de ses études, Anida consacre une partie de son temps libre au bénévolat. « J’ai rejoint l’antenne nanterrienne de la Croix-Rouge lorsque j’étais en seconde après avoir vu les bénévoles faire une collecte au centre Leclerc du Mont-Valérien. » Anida explique que la solidarité et la générosité sont aussi des valeurs que lui ont inculquées ses parents. Durant la crise Covid, elle a participé aux distributions au profit des étudiants de l’université Paris-Nanterre et des sans- abri. Une fois par an, vêtue de son gilet orange, elle interpelle passants et automobilistes de la place de La Boule à l’occasion de la quête nationale organisée par la Croix-Rouge. Depuis quelques mois, Anida rend également visite aux résidents des Ehpad, comme celui des Vignes à Nanterre.

« Mon action au sein de cette association me permet de rencontrer des gens que je ne fréquente pas dans la vie. En sortant de mon cercle, je me rends utile. Les visites auprès des personnes âgées me touchent beaucoup, je ne vois pas souvent mes grands-parents qui vivent en Algérie et en Finlande. »

Apprendre, encore et toujours

Après une mauvaise chute à vélo, qui lui a valu une fracture du nez fin juin, Anida a profité de l’été pour lire les ouvrages du cycle de l’absurde d’Albert Camus, jouer un peu de piano à la maison et s’efforcer d’aller de temps en temps à la salle de sport. Elle s’est en outre préparée à suivre un cursus de finnois à l’Institut national des langues et civilisations orientales, en parallèle de sa deuxième année à Sciences Po. « Comme j’aimerais travailler plus tard dans la diplomatie ou dans des ONG, je me dois de parler plusieurs langues. » 

À Sciences Po, Anida s’estime très chanceuse d’avoir accès aux nombreuses conférences qui alimentent les réfl exions étudiantes. « L’an passé, j’ai pu écouter les interventions de la rabbin Delphine Horvilleur, de la militante anti-nazie Beate Klarsfeld, ou de l’écologiste Camille Étienne. » Tous ces témoignages la confortent dans sa volonté d’action : « Pour moi, l’action passe par mon engagement bénévole à la Croix-Rouge, la politique n’est pas mon champ de prédilection. »

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