L'histoire et le patrimoine nanterriens

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Dernière mise à jour : 30 janvier 2024

La cité gauloise

Nanterre était déjà occupée par des populations celtiques dès la fin du IVe siècle avant J.C. : une trentaine d’individus, dont des hommes en armes, s’était installée au sein de cette vaste boucle de la Seine, probablement pour contrôler les échanges commerciaux et en tirer bénéfice.

Vers le milieu du IIe siècle avant notre ère, un vaste habitat gaulois couvrait le quartier du Chemin de l’Ile et le vieux centre-ville. La zone occupée s’étendait au moins jusqu’au site de l’ancienne fonderie Montupet et sous le centre-ville, notamment au niveau du Passage du Quignon et de la rue du Docteur-Foucault.

La population de Nanterre

Fin 13è siècle : environ 300 habitants
Début 18è siècle : environ 2 000 habitants
1876 : 4 000 habitants
1936 : 35 000 habitants
1968 : 90 000 habitants

Nanterre entre dans l’histoire

C’est à Nanterre que naquit Sainte Geneviève vers 426. Selon sa biographie, les évêques Loup de Troyes et Germain d’Auxerre se rendant en Angleterre se seraient arrêtés à Nanterre pour prier. Au cours de cette étape, ils auraient demandé à Geneviève de se consacrer à Dieu.

Sainte Geneviève aurait soigné la cécité de sa mère avec l’eau du puits ; dès lors celui-ci fut réputé miraculeux et fit l’objet de nombreux pèlerinages. A la mort de ses parents, Geneviève est recueillie chez une tante à Paris. On lui attribue une influence importante dans la conversion au christianisme du roi franc, Clovis, qui fonde en 508 l’abbaye de Sainte-Geneviève à Paris, dont Nanterre deviendra une possession.

Nanterre au Moyen Age

Le village s’est développé autour de l’église. L’abbaye de Sainte-Geneviève est seigneur de Nanterre. Elle exerce sa charge temporelle, perçoit les droits y afférant et exerce ses droits de haute et basse justice. Elle assure également sa charge spirituelle, le prieur de la communauté religieuse étant aussi curé de Nanterre.
En 1247, le roi Louis IX signe la charte d’affranchissement des serfs de Nanterre.

Cependant, l’abbaye conserve tous ses droits de seigneurie, justice, censive, coutumes, taille, corvées, etc.
Durant la guerre de Cent Ans, le bourg est plusieurs fois pillé, les habitants pendus, l’église incendiée (seul le clocher subsiste).

L’époque moderne

En 1634, l’abbaye de Sainte-Geneviève nomme un jeune curé prieur, Paul Beurrier, qui a pour mission de reprendre en main les affaires spirituelles et temporelles fort délaissées, suite aux guerres de religion, et de créer un séminaire pour la formation de nouveaux moines.

De 1634 à 1688, Paul Beurrier accomplira sa mission avec zèle. Il convertit, de gré ou de force, les familles réformées, relance les pèlerinages au puits de Sainte-Geneviève et fait construire un collège, dont la première pierre est posée en 1642 par la reine Anne d’Autriche.
Ses bonnes relations avec la reine lui permettent de sauver les habitants du bourg des représailles de la troupe, pour ne pas avoir respecté le blocus infligé aux Parisiens pendant la Fronde…

La place de la Boule royale est aménagée au XVIIIe siècle.

Le Mont-Valérien, habité par quelques ermites, est devenu un haut lieu religieux et un calvaire y a été édifié.

Nanterre et la Révolution de 1789

En 1789, les Nanterriens rédigent leurs cahiers de doléances. Ils demandent la suppression des réserves à gibiers, des impôts injustes, des corvées et des droits abusifs des moines génovéfains. Le 4 août 1789 les délivre des privilèges. Le 29 août, la justice seigneuriale est abolie.

Le 7 février 1790 est élue la première municipalité de Nanterre, au suffrage censitaire : le maire est Jérôme Barot. Nanterre n’affiche pas un grand zèle révolutionnaire ; la révolution interrompt les échanges avec Paris et prive les Nanterriens de ressources. Après la victoire de Jemmapes, les volontaires veulent rentrer au pays pour les vendanges mais devant le refus de leurs supérieurs, ils se mutinent.

L’église devient « temple de la Raison », la Société populaire y tient ses réunions. Le collège est devenu école militaire. Les biens des Génovéfains et des prêtres du Calvaire sont vendus comme biens nationaux.

Nanterre accueille avec soulagement le 9 thermidor. François Hanriot, né le 2 décembre 1759, natif de Nanterre, devenu général, commandant de la garde nationale, est guillotiné le 10 thermidor (28 juillet 1794) avec Robespierre.

L'arrivée du chemin de fer et l'industrialisation de la ville

Le 24 août 1837 est inaugurée la première ligne de chemin de fer pour voyageurs. Elle relie Paris au Pecq, puis à Saint-Germain-en-Laye. Un quartier se développe près de la gare ; des Parisiens aisés font construire des maisons de campagne, puis des employés et des ouvriers de condition plus modeste s’installent progressivement dans le quartier du Chemin-de-l’lle.

Les premières industries étaient directement liées à l’élevage. Une fonderie d’aluminium s’établit au Moulin-Noir. Mais l’industrie commence véritablement à se développer à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les industriels trouvent à Nanterre de vastes terrains, bon marché, éloignés de l’agglomération, principalement le long de la Seine où ils aménagent des quais de déchargement. S'installent progressivement, une fabrique de de bâches, la papeterie du "Petit Parisien", les usines du Docteur Pierre (dentifrices et alcools de menthe), un établissement destiné entre autres à l'accueil des indigents, vieillards et mendiants (le CASH), la biscuiterie Heudebert...

Après la guerre 1914-1918, l’industrialisation se poursuit et toutes les branches de production sont représentées : chimie, parfumerie, laboratoires pharmaceutiques, métallurgie, fonderies, alimentation et enfin l’industrie automobile et ses annexes (fabriques d’accumulateurs et d’accessoires). Ainsi, Nanterre est le lieu de production de grandes marques, Simca, Willeme, Lanvin, Forvil, Heudebert, Campari…

En outre, l’État a acquis de vastes terrains sur lesquels seront établis un camp de matériel aéronautique et un dépôt de la régie des tabacs, où seront construits en 1964 la faculté, et en 1987 la maison d’arrêt.

En 1935, une municipalité est élue sous l’étiquette « Unité d’action antifasciste » ; le maire, Raymond Barbet, est un jeune cheminot communiste. La nouvelle municipalité entreprend une politique de développement des équipements sociaux, de viabilité des quartiers et d’aide sociale.

La Seconde Guerre mondiale

La peste brune répand sa chape d’horreurs sur l’Europe. Raymond Barbet est arrêté, il s’évadera et rejoindra la Résistance. Des juifs, des antifascistes sont déportés. Cent cinquante-trois Nanterriens sont tués. La Résistance s’organise, mais plus de quatre mille cinq cents patriotes de tous horizons seront fusillés au Mont-Valérien. Après la Libération, tout est à reprendre.

L’après-guerre

A Nanterre, on compte, en 1968, neuf bidonvilles dont les deux plus importants regroupaient 5 233 habitants. Tous les bidonvilles étaient construits par les habitants eux-mêmes. Ils n’étaient pas alimentés en eau potable qu’il fallait aller chercher à la fontaine publique. On y vivait sans aucun confort, dans la crainte permanente des maladies, des rats et des incendies.
En 1951, à l’initiative de Raymond Barbet est créé l’OPHLM (Office public d’habitations à loyer modéré). La création de cet organisme répondait au besoin urgent de logements sociaux, consécutif aux destructions de la guerre, à l’apport massif d’une population nouvelle de travailleurs et au « baby-boom ». De 1951 à 1971, plus de 6 000 logements sont bâtis, sur les terrains disponibles.
Au fil des ans, ces constructions seront complétées par des équipements de quartiers nécessaires aux habitants: dispensaires, écoles, crèches, maisons des jeunes, bibliothèques, mairies de quartier.

Nanterre, ville préfecture

Au milieu des années 60, l’université Paris X ouvre ses premiers amphithéâtres et accueille des étudiants de plus en plus nombreux.
L’évolution de la ville se poursuit ; le développement des moyens de transport, avec notamment l’arrivée du RER et la construction des autoroutes, facilite et appelle de nouvelles entreprises.
Dans le même temps, l’industrie, qui avait marqué les années 50-70, a tendance à disparaître, telles les usines Citroën, Montupet, Solex.
Par contre, des activités nouvelles s’installent : des entreprises d’électronique et d’électrotechnique, d’informatique comme EDS, les services et les bureaux ainsi que des entreprises liées au développement durable comme le SYCTOM, occupent une place de plus en plus importante.
L’urbanisation et la construction de logements se poursuivent avec la fin de l’aménagement du quartier du Parc, mais, en même temps, la rénovation du vieux centre-ville…

La tragédie de 2002

Le 27 mars 2002, alors que le maire lève la séance du Conseil municipal peu après 1 h du matin, un homme qui se trouve dans les rangs du public ouvre le feu sur les élus de Nanterre.

Avant d’être maîtrisé, il avait eu le temps de tuer huit personnes et d’en blesser dix-neuf autres. Le surlendemain, le meurtrier se suicide en se défenestrant à la préfecture de police où il était interrogé.

Quelques jours plus tard, une foule immense de Nanterriens et de citoyens d’autres communes rend hommage aux victimes, en présence du Président de la République et du Premier ministre.