Groupe les socialistes et les progressistes

Dernière mise à jour : 03 avril 2024

Coupes budgétaires : quand l’État perd sa lucidité et le sens des réalités

Le 18 février dernier, le ministre de l’Économi et des Finances, annonçait une réduction de 10 milliards d’euros du budget de l’État pour l’année 2024, première étape avant la mise en place de coupes budgétaires supplémentaires dans le cadre du futur projet de loi de finances 2025.
Cette coupe budgétaire est la conséquence des choix d’une politique libérale assumée du président de la République. Entre 2017 et le début de l’année 2024, c’est 265 milliards d’euros en moins dans les caisses de l’État. La baisse des prélèvements obligatoires, notamment des plus riches et des grandes entreprises, ne devrait pas être une priorité au détriment du plus grand nombre !
Dans un contexte marqué par une inflation galopante et une situation internationale instable, ces nouvelles coupes budgétaires demeurent tout simplement incompréhensibles. L’État n’a-t-il pas tiré de leçons des dernières crises que vient de traverser le pays ? Au lieu de concentrer ses efforts vers davantage de cohésion et de solidarités à destination des plus fragiles, il a fait le choix inverse, celui de distribuer à ceux qui en ont le moins besoin. À l’heure où les Français réclament davantage de justice sociale et écologique, la stratégie budgétaire envisagée par le gouvernement s’inscrit à contre-courant des attentes du plus grand nombre.
Les orientations budgétaires proposées auront des conséquences néfastes sur le quotidien des Français, touchant des secteurs déjà en grande difficulté, comme l’école où la nécessité d’agir devient urgente. Malgré les nombreux signaux d’alarme envoyés par les élus locaux, les associations de parents d’élèves ou les syndicats d’enseignement et une situation qui ne cesse de se dégrader, ce sont bel et bien 692 millions d’euros que le gouvernement s’apprête à amputer à l’Éducation nationale pour cette année 2024. D’autres politiques sont également concernées, comme la transition écologique (-2 milliards d’euros), le logement, pourtant sujet de préoccupation majeure en Île-de-France, etc. Un tour de vis particulièrement injuste donc inacceptable qui confirme la volonté de l’exécutif de demander toujours plus d’efforts aux mêmes et son total décalage par rapport aux réalités subies par les plus fragiles, plus particulièrement ceux des quartiers populaires.
C’est dans ce contexte que la ville s’apprête à signer avec l’État le nouveau contrat « Engagements Quartiers 2030 ». Néanmoins, il est à craindre que les coupes budgétaires annoncées n’épargneront pas non plus la Politique de la ville, qui, une fois encore, sert de variable d’ajustement. Bien décidé à faire des économies et au nom de la doxa libérale, le gouvernement prend le risque de rester sourd aux attentes des habitants des quartiers prioritaires qui se sont exprimés massivement lors des concertations tenues en amont de l’élaboration du nouveau contrat de ville.
Face à cette situation ubuesque, la ville de Nanterre n’entend pas baisser les bras et encore moins céder aux sirènes du fatalisme. C’est dans ce sens qu’elle a adopté son budget primitif fidèle à ses valeurs et aux principes de solidarité, comme de justice écologique et sociale. Face au manque de repères de l’État, les collectivités territoriales comme la nôtre rappellent qu’elles demeurent l’échelon indispensable pour assurer une cohésion nationale de plus en plus remise en question.
Thérèse Ngimbous Batjôm