Le féminisme, une histoire de combats
Mis à jour le 05 mars 2021
Le combat féministe.
Le féminisme désigne les mouvements successifs, d’idées et de mobilisations, prônant l’égalité entre les hommes et les femmes. Ces combats menés pour les droits des femmes et leur émancipation existent depuis la nuit des temps. Mais les premières revendications sur les droits civiques, le travail ou encore l’éducation apparaissent au XVIIIe siècle. Olympes de Gouges, sous la Révolution, est la première figure du féminisme. « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune », déclare celle qui publiera en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Au cours du XIXe siècle et jusqu’en 1945, les femmes se mobilisent pour le droit de vote et plus largement leur émancipation. Ce qui est parfois appelé la première vague du féminisme couvre la période allant de la création des premiers mouvements organisés jusqu’à l’obtention du droit de voter : 1918 pour les suffragettes anglaises et seulement en 1944 en France pour participer à la première élection en 1945. Emmeline Pankhurst en Angleterre ou Madeleine Pelletier en France en seront des visages importants.
La cause féminine progresse lentement avec Simone de Beauvoir qui dénonce l’aliénation des femmes par une société patriarcale : « On ne nait pas femme, on le devient ». Elle est l’autrice du Deuxième sexe, ouvrage de référence de la philosophie féministe publié en 1949. Le mouvement français pour le planning familial né en 1960, les femmes peuvent enfin travailler sans l’accord de leur époux en 1965, la contraception devient légale en 1967.
En 1970, la création du MLF, Mouvement de libération des femmes lance la « deuxième vague » du féminisme. Le centre des revendications se déplacer vers la liberté à disposer librement de son corps, au droit à l’avortement notamment. Le Manifeste de 343 (femmes qui déclarent avoir avorté) ou le procès de Bobigny qui verra l’acquittement d’une mineure, mise en cause pour avoir avorté à la suite d’un viol et défendue par Gisèle Halimi, mèneront à la loi Veil, alors ministre de la santé. Elle autorise l’interruption volontaire de grossesse (IVG). En 1972, le principe d’égalité de rémunération « à travail égal, salaire égal » avait été inscrit dans la loi.
Dans les années 80, la « troisième vague » s’attache l’égalité réelle qui doit découler des avancées légales. Au-delà des questions de sexe (biologique), le mouvement explore les questions de genre, une construction sociale sur laquelle s’appuie la domination masculine et naissent les inégalités. Marguerite Yourcenar est la première femme admise à l’Académie française, Yvette Roudy est la première à occuper le poste de ministre déléguée aux droits des femmes. Elle organise la première « Journée internationale des femmes » le 8 mars 1982 et fait voter en 1983 un loi sur l’égalité professionnelle. Viol, harcèlement sexuel au travail sont reconnus par la loi. En 1995, c’est la naissance de l’Observatoire de la parité et en 2000 la parité devient la règle pour les mandats électifs. Les « Chiennes de garde », « Ni putes ni soumises », ou encore « La Barbe » militent pour l’égalité réelle et contre les violences, sexuelles en particulier, qui restent très fréquentes. En 2012, les droits des femmes deviennent un ministère de plein exercice et la parole des victimes de viol continue de se libérer à travers par exemple le « Manifeste des 313 » femmes qui déclarent publiquement avoir été violées. Les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc mettent cette question sur le devant de la scène médiatique dans les années 2010. En 2018, 15h40 devient le symbole de l’écart de salaire qui existe toujours entre femmes et hommes : elles sont payées 26 % de moins.
Le rapport annuel du ministère chargé de l’égalité entre les femmes tente, depuis 2014, de rendre compte de l’égalité réelle et de son évolution. Il rappelle surtout que ces inégalités persistent dans de nombreux domaines. En 1975, Benoîte Groult avait publié Ainsi soit-elle et cette phrase qui reste d’actualité : « A toutes celles qui vivent dans l’illusion que l’égalité est acquise et que l’Histoire ne revient pas en arrière, je voudrais dire que rien n’est plus précaire que les droits des femmes ».