Le collège royal de Nanterre

Histoire de Nanterre

Si le collège royal de Nanterre n’existe plus depuis la Révolution, sa présence nous est, au quotidien, néanmoins rappelée par le parc des Anciennes-Mairies qui en est l’héritage. Depuis 2022, les archéologues nous proposent de remonter le temps et de découvrir son histoire chaque printemps, pendant quelques semaines.

Dernière mise à jour : 06 mai 2024

Depuis deux ans, au mois de juin, une équipe d’archéologues effectue une fouille dans le parc des Anciennes-Mairies. Leurs recherches les mènent sur les traces de l’ancien village de Nanterre, depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à la Révolution de 1789.

Un bouleversement à plusieurs titres

En 1642, la reine Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, pose à Nanterre la première pierre (*) d’un vaste ensemble ecclésiastique, destiné à l’instruction des enfants de l’aristocratie française et européenne. La construction de ce collège, situé à proximité de Paris et de l’abbaye Sainte-Geneviève, dont il dépend, va nécessiter
l’acquisition de plusieurs parcelles autour de l’église Saint-Maurice, l’actuelle cathédrale. Cet ensemble religieux, composé de plusieurs bâtiments, de cours et de jardins, va occuper 10 % de la surface du bourg et remodeler le tissu villageois pour aboutir à celui que nous connaissons dans le centre ancien. En effet, à cette occasion, de nouvelles rues sont tracées telles que la ruelle du Cimetière (actuelle rue des Anciennes-Mairies), la rue Franche (actuelle rue de l’Église), la rue du Collège (actuelle rue Maurice-Thorez) et la rue Volant qui est la seule à conserver son nom d’origine. L’installation d’un tel établissement dans le village de Nanterre est un bouleversement non seulement urbanistique mais aussi démographique car, aux cent élèves recensés au plus fort de sa fréquentation, il faut ajouter les domestiques de chacun d’entre eux et le personnel du collège. Cet apport supplémentaire de résidents que l’on estime à au moins 10 % de la population du village représente également un bouleversement économique et social. L’année 1642 marque donc une petite révolution à l’échelle du bourg.

(*) Cette première pierre, restaurée, est conservée et visible dans un soubassement de la villa des Tourelles, siège de la Société d’histoire de Nanterre.

Documenter et mettre en lumière une époque inédite

De cet ensemble religieux, détruit en 1797, occupé aujourd’hui par le parc des Anciennes-Mairies, il ne demeure plus rien en surface. Néanmoins, les sondages effectués par une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), en 2020, avaient permis de mettre au jour une partie du rez-de-chaussée du corps de logis de ce collège ainsi qu’une partie de ses caves, dans la partie qui jouxte la cathédrale. Ailleurs dans le parc, les bâtiments ont été si profondément démontés pour récupérer les pierres qu’il ne reste que les premières assises des caves à quatre mètres de profondeur sous la surface.
C’est donc dans cette partie du parc que les archéologues, avec l’appui de la ville et du service régional de l’archéologie (SRA), ont choisi de revenir, accompagnés d’étudiants en archéologie, pour documenter dans le détail ce collège si mal connu. Ces fouilles ont permis de découvrir un escalier de service qui, dans un premier temps, desservait, depuis la cour des écoliers, un demi rez-de-chaussée au sol pavé, fermé par d’épais murs en pierres de taille puis, dans un second temps, une enfilade de profondes caves voûtées qui se poursuivait sur 70 mètres de longueur, jusque sous le centre de santé Maurice-Thorez.
Ces recherches ont également le mérite de mettre en lumière une époque inédite à Nanterre : le village d’avant 1642. De ce bourg transformé par l’édification du collège, il n’existe aucun plan. Les fouilles permettent d’appréhender cet habitat des XVIe et XVIIe siècles qui se compose ici de deux bâtiments alignés selon un axe de voirie inédit. Ces deux maisons, aux sols et aux murs recouverts de plâtre, sont partiellement détruites par la profonde tranchée creusée afin d’asseoir les fondations du corps de logis. L’une d’elles voit son espace divisé par deux murs de refend dont l’un marque l’existence d’un espace destiné à abriter les animaux de ferme. De cette habitation mixte homme-animaux, il reste à étendre la surface de fouille pour compléter son plan. Sous le sol des deux maisons, au moins deux fosses recèlent des tessons de récipients en céramique datant de la fin du XIVe et du début du XVe siècle, derniers témoignages du village du Moyen Âge, aujourd’hui disparu. Ailleurs, des restes épars de tessons gallo-romains rappellent l’importance de l’agglomération d’origine celte, Nemetodorum, identifiée à plusieurs reprises sous le centre-ville.

Par Nicolas Samuelian de la Société d’histoire de Nanterre

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